Sitôt entré, « Bienvenue à la villa » plonge le visiteur au cœur du transhumanisme qui promeut l’usage des sciences et des techniques pour améliorer la condition humaine. « Avec le numérique, on assiste à une course en avant vers l’artificialisation : que devient alors l’être humain ? » interroge l’artiste.
Caroline David et son dernier tableau qui interroge sur la transformation…les enjeux du futur (©Voix du Jura/Monique Henriet)
En partenariat avec la galerie d’art Chromia, Caroline David expose jusqu’au 3 mars 2021 à l’Espace Jeanne Fournier situé derrière la mairie des Rousses.
« Depuis que j’ai accroché mes tableaux, je suis ravie de pouvoir rencontrer du public, tout aussi heureux de découvrir mon travail, dans cette très jolie salle », confie Caroline David*, qui propose une exposition fascinante qui nous interroge sur l’évolution du numérique et son développement dans notre quotidien.
L’arrivée des pixels…
L’exposition est composée de trois parties dont voici quelques extraits pour ne pas tout dévoiler ! Au fond de la salle autour d’une sculpture centrale se trouve la partie la plus « ancienne » de son travail.
« En 2010, 2011, mon inspiration pour l’art numérique a commencé. J’ai travaillé sur une série de portraits d’artistes que j’aime beaucoup à qui j’ai voulu donner une touche picturale de cette ère numérique. J’ai donc recherché ce qui pouvait avoir une empreinte caractéristique, au même titre que les pointillistes à une époque ou les impressionnistes… Et le pixel est venu très vite ; sachant que le pixel n’était pas encore très utilisé par les artistes. »
Après une série de portraits pixélisés à 100 %, Caroline David a abouti son travail avec quelque chose de plus personnel qui allie formes arrondies autour de visages qui sont eux pixélisés. Ainsi peut-on découvrir deux portraits « Avatar ».
A côté la sculpture « La tête au carré » fait partie d’une série qui traite de la préservation des traditions dans la mondialisation.
« Je suis partie d’un masque africain en bois et j’ai voulu le placer dans cette ère de la mondialisation numérique. C’est un objet 3D et pixelisé. »
« Scanné comme des objets de grande consommation »
Dans une deuxième partie, se trouve une série « Data Driven » (piloté par les données), dans l’ère de la grande consommation. A travers son personnage, l’artiste se dit que l’on pourrait être scanné comme on le fait pour les objets de grande consommation et obtenir toutes les données numériques que l’on a laissées quelque part sur la toile.
« Où est le danger ? Quelles sont les limites dans ce monde où nous sommes sous surveillance. »
A côté « Manipulation » à découvrir, une marionnette manipulée par cette société de consommation… En poursuivant la visite dans le tableau intitulé « Obturation, il est question de notre rapport à l’image. Le cercle est un obturateur d’appareil photo, dans lequel la jeune femme est nue, mise à nue et prisonnière de son image ». A découvrir également « L’oiseau de Cassandre » extrait d’un autre tableau, qui s’est échappé de la terre imaginée dans de nombreuses années… et il ne chante plus…
« En espérant que l’on n’ira pas jusque là. A nous de faire en sorte que l’on puisse préserver notre planète ».
Couleurs, espoir…
Et puis l’espace « Human Race » aborde la question « de la course humaine, de la course vers le transhumanisme, de la course en avant vers on ne sait pas trop quoi et jusqu’où on ira » et l’on découvre ensuite le tableau intitulé « Cassandre » en référence à la prédicatrice mythologique qui disait vrai mais que l’on n’a pas écoutée…
« Dans cette série j’utilise des lignes de couleurs qui donnent un caractère pictural particulier pour figurer ce côté artificiel, électrique… ».
On y retrouve aussi des lieux architecturaux qui lui sont chers, dépourvus de tout environnement naturel, avec un petit côté science fiction… pour terminer par le dernier tableau réalisé « Electre »… un personnage en transformation d’un état à un autre…
Au final, cette exposition interpelle, donne à réfléchir, sans jamais tomber dans le négatif, avec toujours des couleurs et l’espoir que tout cela n’est pas irréversible…
A découvrir sans faute tous les jours de 10 h à 18 h jusqu’au 3 mars 2021. Entrée libre et gratuite.
Il est possible de retrouver le travail de Caroline David sur : http://carolinedavidart.com ou sur Instagram : caro.d.k
*D’abord professionnelle du marketing et de la communication, Caroline David, originaire des Rousses était aussi passionnée d’art. Elle a commencé à peindre en 2006 à Budapest, sa ville de cœur où elle a vécu pendant sept ans. C’est en Hongrie qu’elle a exposé pour la première fois, avant de présenter ses œuvres en métropole lilloise puis à Paris, après d’être investie en Chine, sur une exposition d’artistes contemporains chinois. Caroline David est aujourd’hui installée à Lille.